Contre la dérive monarchique de l'exécutif, votre député votera la motion de censure.
Tribune C. JACOB
Pourquoi nous voulons la censure
L’affaire Macron-Benalla, qui met directement en cause le Président de la République, révèle chaque jour un peu plus, la dérive monarchique du Président Macron.
On découvre en effet, que s’est mis en place, au cœur même de l’Elysée, un système de fonctionnement totalement opaque, et hors de tout contrôle, dont M. Benalla était l’une des pièces maitresses.
On constate également que le Président de la République interfère dans le fonctionnement d’une commission d’enquête parlementaire en ordonnant aux députés qui lui sont redevables de bloquer l’audition de personnalités considérées comme trop gênantes pour l’Elysée.
Comment expliquer, en effet, que les députés LREM de la commission d’enquête, refusent sciemment d’entendre le secrétaire général et le porte-parole de l’Elysée, si ce n’est pour empêcher de faire éclater la vérité dans cette affaire ? Comment admettre que l’audition de ces personnalités, proches du Président de la République et proches de monsieur Benalla, soit refusée par la majorité en marche contre la volonté du co-rapporteur de la commission d’enquête, Guillaume Larrivé, et contre la volonté de tous les autres groupes parlementaires ? Comment accepter un tel déni de démocratie alors que jamais, jusqu’à présent, une commission d’enquête parlementaire n’avait été délibérément sabordée.
On apprend enfin que le Président de la République se croit intouchable au point de déclarer bravache devant des députés en Marche vassalisés, « Qu’ils viennent me chercher ». Mais, à travers ce « ils », à qui s’adresse le Président de la République avec autant de défiance et de provocation ? Aux juges ? Aux journalistes ? Aux parlementaires ? Aux Français eux même ?
Face au trouble que suscite la crise politique actuelle, où la vérité se dérobe à mesure que les révélations sidérantes s’enchaînent, que les déclarations contradictoires se percutent, et que les mensonges sous serment se succèdent, le Président de la République ne peut se comporter en bonimenteur comme il le fait. Il ne peut se contenter de commenter les faits en bras de chemise à Bagnères-de-Bigorre, ou de fanfaronner au milieu d’un fan-club de députés acquis à sa cause. Il doit s’adresser solennellement aux Français, il doit s’expliquer, il doit répondre de ses actes.
Quant au Premier Ministre, conformément à l’article 20 de notre constitution, il est responsable devant le Parlement, c’est-à-dire qu’il doit assumer ses responsabilités et rendre des comptes devant la représentation nationale. C’est l’esprit même de nos institutions. Le Premier Ministre n’est pas un directeur de cabinet qui protège le Président de la République, le couvre ou se défausse, il a la responsabilité de la conduite du Gouvernement sous le contrôle du Parlement.
C’est donc pour imposer au Premier Ministre de s’exprimer devant les députés sur les défaillances de son Gouvernement, que les députés Les Républicains ont déposé une motion de censure.
En effet, face à la dérive monarchique du Président de la République, le Gouvernement a failli. Il a failli car il n’a pas été capable de défendre l’équilibre des pouvoirs fixé par notre constitution, il a failli car il a préféré couvrir le Président plutôt que de défendre nos institutions, il a failli car il a laissé dériver cette affaire en refusant de donner des explications au Parlement.
Dans cette affaire Macron-Benalla, la responsabilité du Ministre de l’Intérieur est même directement engagée puisqu’il a refusé de saisir la justice quand il a eu connaissance des faits reprochés à M. Benalla, et qu’il a passé sous silence sa proximité avec M. Benalla qu’il connaissait, et qu’il tutoyait.
Nous entendons donc profiter de cette motion pour exiger des explications de ce Gouvernement et faire la démonstration des graves dysfonctionnements qui ont eu cours au plus haut sommet de l’Etat.
Source : Le Journal du Dimanche - Tribune de Christian JACOB