Hier soir, lors de l’examen du projet de loi tendant à amoindrir le risque de récidive criminelle qui tend, votre député s’est vivement accroché avec le président de la Commission Jean-Luc WARSMANN à l’occasion de la présentation de deux amendements visant à supprimer les réductions de peines dites automatiques pour les criminelles récidivistes.
Alors que le président s’apprêtait à rejeter ces amendements présentés
par le groupe Nouveau centre et par Nicolas DUPONT-AIGNAN, en prétextant
que cette suppression avait un caractère populiste, Franck MARLIN a
pris la parole et lui a répondu en ces termes :
« Monsieur le président de la commission des lois, j’ai été
profondément choqué par vos propos. J’ai voté en mon âme et conscience
l’amendement de mon collègue Michel Hunault, et je ne l’ai pas fait
pour flatter l’opinion publique, loin s’en faut. Je veux vous préciser,
monsieur Warsmann, que j’ai personnellement connu Marie-Christine
Houdeau, Milly-la-Forêt faisant partie de ma circonscription.
Je n’ai pas l’impression de me montrer populiste en prenant fait et
cause pour ce qui a été dit par MM. Hunault et Dupont-Aignan. Lorsqu’il
a reçu la famille de Marie-Christine, le Président de la République a
pris ce dossier à bras-le-corps et annoncé très clairement qu’il
fallait lutter contre la récidive. Pardon si je montre trop de passion
et si je sors un peu du propos, mais je veux tout de même dire qu’il y
en a assez de voir certaines personnes commettre des crimes à
répétition. L’individu qui a séquestré, violé et tué Marie-Christine
Houdeau avait déjà violé une mineure précédemment.
Je veux simplement dire que le débat est ouvert : il n’y a pas de sujet tabou. Alors, comment expliquer à la famille et à l’opinion publique qu’un homme, condamné à dix ans de prison, est sorti au bout de sept ans, s’est installé à quelques centaines de mètres de la maison de l’adolescente qu’il avait violée, et a séquestré, violé et tué une femme qu’il avait suivie tel un prédateur après l’avoir repérée alors qu’elle faisait son jogging ?
Monsieur le président Warsmann, nous réagissons devant des faits inexcusables. Il n’est pas question ici de voleurs de poules : il s’agit d’individus qui ont tué, violé. Nous ne nous adressons pas à l’opinion publique : nous voulons régler des problèmes concrets. Cela semble vous faire sourire. Moi, je n’ai vraiment pas envie de sourire.
Les propos que vous avez tenus vont sûrement choquer l’opinion
publique. Ils ont en tout cas profondément choqué des élus qui, comme
vous, sont des élus de terrain, connaissent le monde de la
pénitentiaire, ont dans les quartiers difficiles de leur commune, des
personnes qui font leur travail, à Fleury-Mérogis ou ailleurs, pour ne
parler que de l’Essonne.
Alors, de grâce, ne jugez pas ceux qui prennent leurs responsabilités, qui font partie de la majorité, comme moi, et qui, simplement, expriment ce que le Président de la République a rappelé. Il n’y a pas de sujet tabou, n’en déplaise à ceux qui font de l’angélisme sur les bancs opposés. Pardonnez-moi de tirer peut-être un peu contre mon camp, mais je n’ai pas de leçons à recevoir en tant que député et porteur de message. Ce n’est pas flatter l’opinion publique, c’est s’assumer pleinement ».
Une intervention qui a recueilli de très vifs applaudissements de ses collègues. « Monsieur Marlin, nous avons tous été émus par vos propos » a d’ailleurs conclu Jean-Paul GARRAUD, le rapporteur de ce projet de loi pour lequel Franck MARLIN a déjà indiqué qu’il votera « pour ».